Lecture de Diane ARBUS


Catherine Froment                                                                                  Journée de la femme 2012
J’ai essayé de remonter plusieurs fils pour cette lecture lors de la Journée de la femme.
Le fil des femmes écrivains, Virginia Woolf, Elfriede Jelinek, Hélène Cixous, sans oublier Duras qui vient de rentrer à la Pléiade. Parmi toutes, l’une d’elles m’a marquée cette année, c’est Déwé Gorodey, écrivain et femme politique kanak.
Cependant, je cheminais, mais je n’arrivais pas à m’arrêter.
Ces écritures sont puissantes, mais je ne sentais pas ce que je voulais partager.
J’ai pensé aux trois femmes prix Nobel de la paix, et surtout la jeune yéménite Tawakkol Karman,
nous avons le même âge.
J’ai tiré le fil des femmes et celui des hommes, avec tous les poètes qui ont chanté la femme
et je me suis arrêtée sur Aragon, Neruda, Eluard.
J’ai fini par lâcher le fil des écrivains.
Je me suis posée.
Et une femme m’est revenue, Marie José Chombart de Lauwe, ancienne résistante que j’ai entendue
sur France Culture. Elle s’occupait des nouveau-nés dans les camps de concentration de Ravensbrück. J’ai été marquée par sa façon de parler, la noblesse que ses mots conféraient à chaque chose. J’entendais une femme agissante.
J’ai eu la même sensation en écoutant Lucie Aubrac, je me trouvais en présence de femmes
qui sont au présent et dans l’action.
Lucie Aubrac a publié un livre qui a pour titre «Cette exigeante liberté », un titre qui se rapproche
de toutes mes pensées. J’ai retenu une phrase de Lucie Aubrac également : « le verbe résister doit toujours se conjuguer au présent ».
Je vois Déwé Gorodey, je vois Lucie Aubrac, je vois Marie José Chombart de Lauwe et je sens un élan vital.
Après avoir remonté tous ces fils, j’ai réalisé combien, nous, jeunes femmes, il était important que l’on écrive, qu’on témoigne d’une parole qui nous soit propre et ce, maintenant. Je me suis évadée de tous ces fils parce que je voulais être touchée au plus profond.
Je suis allée voir l’exposition de la photographe américaine Diane Arbus au Jeu de Paume. Le Jeu de Paume était plein à craquer et je voyais comme des processions de gens devant ces petits formats de photos. Le silence et tous les regards plongeant dans chaque photo.


Mais surtout, j’ai découvert ses écrits, lettres, des extraits de son journal, notes. Une rencontre a eu lieu.
A l’image de son parcours, il se dégage de ses écrits une vision d’une grande modernité.
Une parole dense et nécessaire, et ce, telle qu’elle est : c’est cette posture-là de la femme que j’ai envie de défendre ici.